L’attractivité du secteur auprès des jeunes et des prescipteurs

Dans un contexte où nombre de jeunes en formation ou formés aux métiers du secteur n’intègrent pas les entreprises qui recherchent les profils correspondants aux formations suivies (ou bien quittent ces entreprises pour celles d’autres secteurs), les partenaires sociaux du FAFIH souhaitent ainsi aujourd’hui disposer d’une analyse sur l’attractivité des branches du secteur et de leurs métiers auprès des jeunes et de leurs prescripteurs.

Un secteur qui bénéficie d’une bonne image globale, mais d’une promesse plus faible en tant qu’employeur

Le secteur de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme bénéficie d’une bonne image globale auprès des jeunes du grand public et de leurs prescripteurs

Lorsque l’on classe les secteurs d’activité en fonction de l’opinion générale qu’ils suscitent, l’informatique est traditionnellement en tête, associée à des évocations de modernité, d’innovations.

Il est intéressant de constater dans ce cadre, que le tourisme, l’hôtellerie et la restauration ont une image très positive en tant que secteur d’activité, cités juste derrière l’informatique. Ces évocations positives traduisent la relation positive que les jeunes interrogés et leurs prescripteurs entretiennent avec le secteur en tant que consommateurs.

En revanche, l’image du secteur en tant qu’employeur est plus ambivalente.

Un faible attrait pour le secteur en tant qu’employeur au-delà de sa facilité d’accès

Que ce soit au moment d’évoquer l’hôtellerie ou la restauration, les jeunes mettent essentiellement en avant leur accessibilité (créateurs d’emplois, métiers accessibles à tous niveaux de qualification et diversité des métiers) et à un niveau moindre leur proximité (permet de travaille près de chez soi).

En revanche, les perspectives offertes par ces deux secteurs sont mal perçues par les jeunes que ce soit en termes de rémunération (avec des indicateurs en dessous des standards observés dans d’autres secteurs), de conditions de travail ou encore de conciliation vie privée / vie professionnelle.

Ces secteurs apparaissent ainsi dans l’esprit des jeunes comme de bonnes opportunités en cas de difficulté sur le marché de l’emploi mais dans lesquels ils se projettent peu pour l’avenir.

Ces secteurs sont davantage perçus comme de bonnes opportunités pour les autres que pour soi-même. Preuve en est : seul 1 jeune sur 3 déclare qu’il aimerait travailler dans ces secteurs.

Du côté des prescripteurs, une majorité serait prête à recommander l’hôtellerie et/ou la restauration à un proche pour y travailler ; une recommandation portée par la capacité du secteur à créer des emplois et à être accessible à tous niveaux de qualification.

Une image nettement plus positive auprès des jeunes en cours de formation pour intégrer le secteur

Les entretiens réalisés auprès des jeunes en cours de formation ont permis la mise en évidence de trois types de profils :

– Des « passionnés » : motivés et informés sur le secteur. o Un profil décrit par les enseignants du secteur comme minoritaire

– Des « pourquoi pas » : ayant une appétence globale pour les métiers de service mais une connaissance du secteur approximative surtout nourrie par les médias. o Les enseignants décrivant ce profil comme majoritaire dans leurs établissements

– Les « par défaut » : souvent en difficultés scolaires, orientés sans appétence particulière pour le secteur. o Un profil décrit comme de plus en plus nombreux par les enseignants du secteur.

Une image qui renvoie spontanément à un univers de prestige, fortement nourri par les médias et le cinéma

Les jeunes en cours de formation pour intégrer le secteur ont une image positive du secteur qui renvoie spontanément pour eux au « prestige », « aux étoiles », « aux palaces », « à la tradition française ». Cette image étant fortement nourrie par les médias et le cinéma (et par les codes visuels du secteur utilisés en communication par la majorité des différents acteurs du secteur).

Un secteur qui leur apparaît comme très formateur

Ils perçoivent ce secteur comme ancré dans une « dimension de service » et « d’ouverture aux autres », reposant sur un « savoir-faire français », « reconnu dans le monde » et donc « facilement exportable », ouvrant la possibilité de « faire carrière à l’international » ; un thème de l’international qui constitue un facteur d’attractivité majeur pour les Millennials.

Un secteur qui leur apparaît comme rémunérateur, tourné vers l’action et dont les horaires ne les effraient pas a priori

Pour les jeunes, un secteur aux métiers rémunérateurs puisque les métiers du secteur nécessitent « de travailler de nuit et/ou le week-end » : dès lors les jeunes s’imaginent bénéficier d’heures « doublement payées ».

Avant même d’intégrer la filière, les jeunes en cours de formation indiquent avoir à l’esprit les horaires de travail à forte amplitude ; pourtant, cet aspect ne semble ne pas se présenter comme une contrainte. Du fait de leur jeune âge, ils peinent à se projeter dans leur vie de famille future ; ils estiment ne pas craindre les horaires extensibles, l’emploi du temps mouvant et décalé.

Les plus motivés ayant tendance à positiver ces éléments décrivant un métier « animé », l’envie d’être « dans l’action », « un métier stressant mais chalengeant », « fortement hiérarchisé mais valorisant le travail d’équipe ».

Pourtant des jeunes confrontés à des discours décourageants

Ces évocations très positives contrastent avec celles de leurs proches : les parents et les enseignants du collège des jeunes interrogés se destinant au secteur ont plutôt tenté de les dissuader de se préparer à ces métiers, les décrivant comme « précaires, ingrats, peu valorisants, destinés aux mauvais élèves ».

Une expérience « employé » déterminante : parfois révélatrice de l’écart entre l’idée que les jeunes ont construite du secteur et la réalité

L’expérience en tant qu’employé est déterminante et met en lumière l’écart qui existe parfois entre la représentation que les jeunes avaient du secteur en amont et la réalité des conditions d’exercice du métier. Cet écart se traduit parfois par des abandons.

Les contraintes « métier » sont parfois plus nombreuses et lourdes qu’anticipées : « un rythme de travail soutenu, des métiers très physiques, un poids de la hiérarchie très fort, des clients parfois difficiles, des collègues eux aussi sous-pression, un travail décrit finalement comme peu rémunérateur au regard de l’implication et de l’effort qu’il requiert. »

Des dimensions métiers qui sont parfois sur-estimées : « un accès aux tâches les plus intéressantes loin d’être immédiat, la réalisation de tâches ingrates pour commencer : la plonge, le ménage, les lits, les photocopies……, un accès aux établissements étoilés beaucoup plus compliqué que prévu ».

Au final, pour l’ensemble des personnes interrogées, une réussite dans l’un des métiers du secteur qui nécessite avant tout une très forte motivation (« avoir envie de réussir, vouloir vivre de sa passion, réaliser un projet précis »). Une motivation jugée primordiale dans la mesure où elle permet d’accepter des contraintes « métier » très fortes notamment lors des premières années d’exercice.

Conclusion sur les leviers de l’attractivité

3 grandes dimensions sur lesquelles travailler :

– Valoriser le secteur : mettre en avant son accessibilité mais aussi ses autres atouts : diversité des métiers, des établissements, des territoires dans lesquels exercer le métier, capitaliser sur les traits d’image positifs : porteurs professionnellement, exportable.

– Eprouver la motivation des jeunes : Mettre en avant les avantages des métiers du secteur mais aussi ses exigences, davantage former et informer les prescripteurs sur le secteur, favoriser les rencontres entre le jeune et le secteur

– Encadrer et contrôler : accompagner la relation apprenti/maître d’apprentissage, signaler les abus, réfléchir à l’évolution de certaines conditions d’exercice du métier.

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